Une petite troupe de six pour ce jeudi, avec : Gabrielle, Rose, Yveline, Isaline, Vincent. Nous nous sommes penchés sur les déviances de l’humain, ses travers, son obscurantisme au travers d’ouvrages solides et pertinents.

Les livres étudiés sont :

Changer le sens des rivières – Marielle MAGELAN
Peut-on changer le cours de sa vie ? À vingt ans, des rêves plein la tête, Marie n’a pas eu la chance d’étudier. Elle n’a connu que la galère des petits boulots et le paysage industriel du Havre. Aussi, lorsqu’elle rencontre Alexandre, garçon brillant et beau parleur, son coeur s’emballe. Mais comment surmonter ce sentiment d’infériorité qui la poursuit ? Financièrement aux abois, piégée par un acte de violence incontrôlée, Marie accepte le marché que lui propose un juge taciturne, lui servir de chauffeur particulier pendant quelques mois. Une cohabitation qui risque d’être houleuse, compte tenu de la personnalité de ces deux écorchés vifs. Dans ce roman d’apprentissage en forme de fable urbaine, Murielle Magellan confronte deux mondes habituellement clos, et nous livre un texte émouvant sur l’éveil à l’autre.
L’analyse de Yveline qui a rencontré l’auteure :
« L’idée maîtresse est l’immense pouvoir de l’instruction, celui de percevoir cette force intérieure en soi qui permet de changer le sens de sa propre rivière intérieure. Si l’on était persuadé que ce qui est censé être déjà écrit pouvait se réécrire différemment, que ferions-nous ? L’autrice en fait l’implacable démonstration avec ce livre lumineux, alliant réalisme et poésie ; Elle met en cohabitation deux êtres écorchés par la vie, qui vont apprendre à se découvrir avant de tisser une relation véritable. Mais aussi deux univers qui se côtoient guère habituellement… »
L’enfant de la colère – 4ème lecture (non terminée il y en aura une 5ème) déjà évoqué la semaine dernière avec le même enthousiasme de Rose qui n’a pas dévoilé la fin du roman car d’autres lectrices ne l’ont pas terminé.
Les âmes mortes – Gogol
Jeune escroc ambitieux, Tchitchikov débarque dans la ville de N. Charmeur, drôle, attentionné, il séduit bien vite les notables locaux par ses bonnes manières et son entregent. Mais tout change quand il leur fait une curieuse proposition : il veut acheter leurs morts. Car les propriétaires terriens doivent payer un impôt pour leurs serfs, y compris ceux qui sont morts dans les cinq dernières années. Le héros compte placer ces « âmes mortes » sur un terrain fictif qu’il pourra hypothéquer à la banque. Cette combine pourrait lui rapporter gros… et cet étrange marché met la ville de N. en émoi. Comédie noire, le roman dénonce toutes les tares de l’Empire russe : la corruption des élites et la misère des masses. Paru en 1842, il fait immédiatement scandale. Avec cette farce absurde, véritable odyssée de la bassesse, Gogol pointe la médiocrité de l’âme humaine. De la vieille propriétaire avare à l’alcoolique obsédé par le jeu, des notables stupides aux fonctionnaires véreux, il dresse une terrible galerie de portraits de la noblesse russe. Les véritables âmes mortes, ce sont bien eux.
Les horizons amers – Laurent-Frédéric BOLLEE – roman graphique –
Il s’appelait Matthew Flinders. Jeune officier de la Royal Navy, il avait une mission et un but : cartographier l’Australie naissante et prouver qu’il s’agissait bien d’une île ! Il quitta Portsmouth à bord de l’Investigator, persuadé de la justesse de son intuition. Hélas pour lui, les Français avaient lancé une expédition semblable, avec deux navires (Le Géographe et Le Naturaliste), sous les ordres d’un certain Nicolas Baudin, un personnage intrigant… Allaient-ils se rencontrer, se parler, s’affronter ? Et qui gagnerait au final cette « bataille » consistant à faire pour la première fois le tour de la Terra Australis Incognita ? Parti d’Angleterre en juillet 1801, Matthew Flinders n’y revint qu’en octobre 1810. Déjà auteur de plusieurs romans graphiques consacrés à la naissance de l’Australie moderne, LF Bollée aborde une nouvelle fois un pan d’histoire de ce pays lointain et fascinant, avec l’authentique « course » que se sont livrée les deux explorateurs Matthew Flinders et Nicolas Baudin au début du XIXe siècle. Les dessins lumineux de la jeune artiste italienne Laura Guglielmo viennent magnifiquement illustrer le drame d’un homme qui voyait le monde comme une carte à dessiner, sans comprendre les enjeux politiques et sociétaux autour de lui.
Avant que le monde ne se ferme – Alain MASCARO
Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce  » fils du vent  » va traverser la première moitié du  » siècle des génocides « , devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l’homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l’Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent. A la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l’écriture ample et poétique. Alain Mascaro s’empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.

La vraie gloire est ici – François CHENG
Il y a dans chaque livre de François Cheng un souffle de vie qui prend à la gorge. Sans doute parce que celui-ci provient d’une voix sans autre exemple. D’une voix qui éperonne la pensée, avec une acuité foudroyante et douce. D’un chant qui a depuis longtemps puisé sa force dans l’élan intérieur. D’une sagesse orientale qui transmue le fugace en élixir d’éternité. D’une écriture tremblée qui s’enracine à même la rosée. D’un exil qui dépayse jusqu’à la nostalgie. Avec ce titre, qui a tout d’un énoncé manifeste, le subtil penseur du vide médian ose de déroutants alliages : l’âpre et la joie, le silence et la lucidité, la mort et les nuages, les oiseaux et les larmes, l’émoi et les étoiles… C’est qu’à force d’avoir mordu la poussière d’ici-bas, les mots n’en finissent plus de renaître. Des âmes errantes ou du phénix, on ne sait qui mène la danse. Mais il suffit de la splendeur d’un soir pour que l’univers entier résonne en nous soudain. Il suffit de la sincérité d’un seul coeur brisé pour que la fulgurante beauté nous délivre de la fragilité humaine : Car tout est à revoir, Tous les rires tous les pleurs Toute la gloire… Ce nouveau livre de François Cheng est tout à la fois celui d’un philosophe, d’un poète, d’un sage alerté qui ne craint rien, pas même d’affirmer que « La vraie gloire est ici »

Notre prochain rendez-vous aura lieu le jeudi 2 novembre 2023 à 15 h – salle du conseil de l’ancienne mairie – pas de JL jeudi prochain le 26 car il y a une expo.