Quatorze lectrices et lecteurs ce jeudi ! avec : Marie (1), Marie (2), Rose, Fleur, Marie-France, Josiane, Françoise, Mo’, Gabrielle, Clo, Yveline, Isaline, Vincent, Valdo. Merci à Françoise pour son délicieux gâteau italien, nourriture terrestre venue s’ajouter à la nourriture littéraire, en lien avec l’un des ouvrages. Vous en saurez plus en poursuivant cette lecture :

Au plus fort de l’été, alors que de nombreux Suédois aisés sont en vacances, de gigantesques feux de forêt se déclarent. Dans cette situation apocalyptique, la région se mue en une véritable zone de guerre et les autorités peinent à faire face. Didrik, consultant médias, est pris dans le cataclysme avec sa famille, mais semble autant préoccupé par ses tweets en direct que par le destin des siens. Courage, lâcheté, indifférence, colère, comment réagissons-nous face à ces crises qui nous dépassent ? Sommes-nous, aujourd’hui, capables de modifier profondément nos modes de vie ? En suivant quatre personnages qui incarnent chacun une réaction différente face à la catastrophe qui vient, Jens Liljestrand livre avec ce roman saisissant une salutaire mise en garde. L’humanité ne dispose que d’une planète, et chaque individu n’a qu’une vie. Dès lors, que choisissons-nous d’en faire ? On l’annonçait comme étant le grand roman du réchauffement climatique mais notre groupe est resté perplexe, on attendait mieux… cependant des informations importantes sont contenues.
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire, où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Son auteur, très inspiré par les faits de guerre, démantèle l’ordre établi et la folie humaine.
On éprouve un sentiment curieux, presque un étonnement, une stupéfaction, à débuter la lecture du dernier livre de Jean d’Ormesson en se demandant comment diable il fait pour parler de lui à l’imparfait, temps du passé qui a duré et qui est définitivement révolu. Comment parvient-il à conserver cette distance souveraine face à la mort et au passé ? Rien qui pèse ou qui pose dans ce nouvel opus : le testament de Jean d’Ormesson tient en 250 pages, les chapitres sont nombreux, courts et enlevés. Mais miracle, tout est dit, tout se tient. Les souvenirs y sont délicatement égrainés : l’enfance, bien sûr, le côté du père, de la mère, la société des hommes, brutale et injuste, la lecture réconfortante des bons livres avec Sénèque, Montaigne, Saint-Simon, Proust et puis les femmes, le grand reposoir. Il va sans dire que les mémoires de feu Jean d’Ormesson sont pétries de délicatesse, d’intelligence et de mesure.
« Où s’achèvent les rêves, où commence le réel ? Les rêves proviennent de l’intérieur, ils arrivent, goutte à goutte, filtrés, depuis l’univers que chacun de nous porte en lui, sans doute déformés, mais y a-t-il quoi que ce soit qui ne l’est pas, y a-t-il quoi que ce soit qui ne se transforme pas, je t’aime aujourd’hui, demain, je te hais – celui qui ne change pas ment au monde. » Jens le postier et le gamin ont failli ne pas sortir vivants de cette tempête de neige, quelque part dans le nord-ouest de l’Islande. Ils ont été recueillis après leur chute par le médecin du village. Nous sommes au mois d’avril, la glace fondue succède à la neige et au blizzard. Après avoir repris des forces, il leur faudra repartir, retrouver une autre communauté villageoise, celle de la vie d’avant …. Un roman bouleversant.
Dans une petite ruelle de Tokyo se trouve Funiculi Funicula, un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience. Ce délicat roman introspectif est aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, et il s’en dégage une douce philosophie qui nous incite à vivre pleinement le présent.
Comment se déroule le repas à l’italienne ? Quelle est la véritable histoire de la pizza ? Léonard de Vinci était-il végétarien ? Les gnocchis se dégustent-ils aussi en dessert ? Quelles sont les 35 façons de commander un café italien ? En abordant près de 350 sujets, 100 recettes iconiques, tous les produits emblématiques de la gastronomie italienne, des portraits de personnages illustres, des centaines de cartes, tableaux, adresses, tours de main, anecdotes croustillantes… Gaudry & ses amis proposent une encyclopédie désordonnée dans laquelle se plonger ou simplement picorer pour savourer l’Italie du Nord au Sud ! Dans un inventaire décalé, plein d’humour, foisonnant d’illustrations, ce sont tous les savoirs et les saveurs du formidable patrimoine gastronomique de nos voisins italiens qu’ils nous invitent à découvrir. Et Françoise a concocté le fameux gâteau cité plus haut !
Une bien jolie idée pour notre atelier d’écriture : Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse au lieu de ruban. Le jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus. Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes.
L’univers absurde d’une station thermale spécialisée dans le traitement de la stérilité sert de décor à cette valse mi-tragique, mi-grotesque. Dans cette lutte éternelle entre les visions masculine et féminine de l’existence, avec un sens aigu de la dérision, Kundera nous invite à une parenthèse dialectique dont les deux volets, mouvement et immobilité, ne sont qu’une traduction des deux pôles identitaires qui sous-tendent toute son oeuvre : l’individu et le groupe. Dans ce lieu où la stérilité est soignée par le mensonge, la perspective d’une naissance est à la fois une promesse de vie pour Ruzena et une menace de mort pour Klima. Autour d’eux gravitent des personnages qui s’adonnent à la danse triste et dérisoire de l’amour et de la dissimulation. Au bout du compte, ceux qui étaient de passage quittent la piste, laissant derrière eux des séquelles irréparables. La parenthèse une fois refermée, on a le vague sentiment que les personnages ont passé leur temps à essayer de prendre congé d’une partie de leur vie pour mieux se construire. Merci Monieur Kundera (93 ans).
Quand Dominique A. entre en studio pour enregistrer son cinquième album, c’est dans un état d’esprit serein. Il sort pourtant d’un disque difficile, Remué (1999), où il est allé très loin au niveau de l’introspection. “Je suis très content de l’avoir fait, reconnaît-il aujourd’hui, mais je ne pouvais pas aller plus loin dans cette voie-là. Je considérais le fait de ne pas chanter comme un exercice de style, mais déjà sur scène, j’interprétais les morceaux un ou deux tons plus haut. On ne peut pas lutter très longtemps contre son naturel”. Un projet de recueil collectif a été suscité par la rencontre d’un de nos auteurs, Arnaud Cathrine, avec le chanteur Dominique A. Grand lecteur de littérature française contemporaine, Dominique A. a souhaité réunir autour de lui 16 auteurs qu’il affectionne particulièrement. Il leur à proposer d’écrire une nouvelle à partir d’une des 16 chansons de son prochain album. Ils ont tous répondu à l’appel avec plaisir, quel que soit leur éditeur d’origine… une idée très originale. Et encore un modèle d’exercice pour notre atelier d’écriture.
Quand la Grande Histoire accueille la petite histoire : 1915. Dans la ville de Vérone, un mariage va être célébré. Celui de Julia. Mais ce mariage ne dure que quelques heures, et le marié défie Lorenzo, le grand amour de son épouse. Celui qu’elle aime depuis des années. Le duel tourne mal, et Lorenzo rejoint le front de Trieste. Au même moment, dans un petit village près de Palerme, Carmela, en pleine nuit, ouvre la porte à son amant qui vient tuer son oncle. Une affaire d’honneur. Le lendemain, Nino part pour la guerre pour éviter la prison. Nino va croiser la route de Lorenzo, quand tous deux seront membres des troupes d’assaut. Avant de prendre des chemins très différents… Tandis que l’histoire emporte les hommes dans le tourbillon des combats, le temps des femmes est venu. Beauté de l’écriture et du sujet si bien traité.

Les auteurs nous ayant accompagnés ce jour :

« Et la forêt brulera sous nos pas » de Jean LILJESTRAND
« Miroir de nos peines » de Pierre LEMAITRE
« C’était bien » de Jean D’ORMESSON
« Le cœur de l’homme » de John KALMAN STEFANSSON
« Tant que le café est encore chaud » de Toshikazu KAWAGUCHI
« On va déguster l’Italie » de François Régis GAUDRY (très beau livre d’art culinaire)
« Exercice de style » de Raymond QUENEAU
« La valse aux adieux » de Milan KUNDERA
« Tout sera comme avant » de Dominique A et Béatrice Rateboeuf Chloé Delaume Arno Bertina Patrick Lerch Olivier Adam Richard Morgiève  Éric Pessan Brigitte Giraud Jérôme Lambert Dominique Fabre Sophie Tasma Hélène Lenoirn Sylvie Robic Arnaud Cathrine Bruno Gibert.
« Rhapsodie italienne » de Jean-Pierre CABANES

Notre prochain Jeudi Littéraire aura lieu le 2 mars 2023 à 15 h à l’ancienne mairie – salle du conseil –