Tout d’abord, rétrospective de samedi 5 mars, à Quay Worker, où nous recevions en dédicace Jeanne TRUONG, écrivain, scénariste, commissaire d’exposition, pour la dédicace de son dernier roman : « Ceux qui sont restés là-bas » Gallimard. Nous nous sommes retrouvés ce jeudi, pour en discuter de nouveau, entourés de : Clo, Marie-France, Marie, Rose, Isaline et Vincent. Les masques sont enfin tombés !

Jeanne, finaliste du prix de la francophonie des cinq continents 2021, sous le registre de roman, a évoqué cette période historique qui n’est pas sans faire écho à ce que nous vivons actuellement entre la Russie et Ukraine, les guerres font ravages et les civils sont les premiers touchés. Ainsi, l’auteure restitue avec force et pudeur l’horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d’humanité.
Nunzio a disparu depuis dix-sept jours. Il a laissé derrière lui ses affaires, son cabinet d’architecte, ses clients, son amant, et son amie, Blue, folle de douleur. Nunzio est mort, et il est le seul à connaître la vérité. Pourquoi flotte-t-il encore entre le monde des vivants et celui des morts ? un long monologue avec la dissolution des bonheurs de l’enfance.
De l’humour grinçant pour distraire : « L’enterrement de Pierre Giroud m’a énormément déçu, c’était une cérémonie sans réelle émotion. Tout cela manquait de rythme, de conviction. Le père Rouquet lui-même n’était pas dans son meilleur jour. Non, vraiment, cet enterrement ne me marquera pas, on est bien loin d’Antoine Mendez. Ah l’enterrement d’Antoine Mendez ! Sa femme essayant de sauter dans le caveau pour le rejoindre dans l’éternité, ses cris hystériques, ses trois fils la retenant dans des spasmes maîtrisés de grands garçons face à la mort, le discours de son meilleur ami admirablement ciselé… Antoine Mendez, voilà quelqu’un qui a réussi son enterrement. »
C’est dit et assumé : « Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s’étiole dans cette appartenance. Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un escargot ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. Je cherche cette présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant.» en fait il ne se moque de rien, il vit à l’intérieur de tout cela et il le restitue fort bien.
Vous n’imaginez pas le plaisir que nous procure de disséquer vos défauts et vos vices lorsque nous sommes entre femmes. C’est notre aliénation, notre dépendance masochiste, notre revanche confuse et confite, notre consolation aigre et notre joie affligée. La preuve que, malgré nos bravades, nous sommes encore bien inféodées. Nos bruyantes professions d’indépendance ? De la jactance ! Portraits et vies de femmes, agonie de l’esclavage et abominations de la colonisation. L’auteure n’y va pas par quatre chemins, elle met ses « tripes » sur la table.

Les ouvrages et leurs auteur(e)s sont :

« Ceux qui sont restés là-bas » de Jeanne TRUONG
« Col de l’ange » de Simonetta GREGGIO
« Figurec » de Fab CARO
« Pierre, » de Christian BOBIN
« Ces morceaux de vie comme carreaux cassés » de Christiane TAUBIRA

Notre prochain rendez-vous aura lieu jeudi 17 mars 2022 à 15 h, toujours au Kasino.